Le gros oeuvre. Les fissures

Le gros œuvre. Les fissures

Les fissures apparentes sont évidemment le signe d’un problème de stabilité. Il est possible que ce problème ait été résolu ou circonscrit par des mesures techniques appropriées (tirants métalliques par exemple), par un renforcement des fondations ou par toute autre intervention technique, sans que ces interventions n’aient pu supprimer entièrement la ou les fissures, toujours apparentes.

Mais dans la plupart des cas, ces interventions de correction sont inexistantes. En outre, il convient de s’assurer qu’il n’y a pas d’autres désordres cachés par le décor, c’est-à-dire sous les faux plafonds, les lambris en bois ou les plaques diverses collées ou clouées sur un bâti.

Bien entendu, si vous voulez analyser le bien que vous achetez, vous ne pourrez le faire qu’après la signature de l’acte de vente, donc seulement lorsque vous serez réellement propriétaire. À ce moment, le « déshabillage » du bâtiment pourrait vous réserver quelques surprises…

Par exemple, un couple tombe amoureux d’une ancienne grange déjà quelque peu transformée.

L’extérieur est banal, façades assez hideusement refaites, mais cette laideur n’entame pas leur courage. Ils referont aussi les façades.

L’intérieur est la source de leur coup de cœur : auges en pierre, voussettes en brique sur chevron de bois et surtout, surtout, une extraordinaire charpente en vrai chêne du pays comme on n’en fait plus.

L’achat entériné, ils entament leurs travaux de rénovation.

Lorsqu’ils commencent à décaper les murs, ils s’aperçoivent que tous les murs sont revêtus de plaques fixées sur un lattis. Les maçonneries ainsi mises à jour montrent une humidité importante et, principalement, de grandes crevasses atteignant parfois 5 cm. C’est ainsi que le mur de façade présente un hors-plomb de plus de 10 cm masqué par la nouvelle façade et résultant de la poussée de la charpente. Car la belle charpente a été intempestivement modifiée lors des travaux effectués par d’anciens propriétaires. Ainsi, au lieu de « reposer » simplement sur les murs de façade, elle exerce sur eux des poussées latérales importantes.

Dans cet état, l’immeuble menace ruine à bref délai. Mais peut-on considérer que le vendeur a volontairement voulu masquer l’état réel du bâtiment ?

Cela, l’acheteur devra le prouver s’il veut intenter un procès en résiliation de l’acte d’achat. Il s’agit d’un procès délicat, car la jurisprudence n’est pas réellement unanime !

Quelle en sera l’issue ?

Évidemment, dans ce cas concret, tous ces défauts étant masqués, il était bien difficile de juger de l’état réel du bâtiment lors de l’achat.

Mais un bon technicien aurait pu, peut-être, juger des charpentes, sauf si les pieds de celles-ci étaient aussi masqués…

Lorsque tous les désordres seront clairement mis à jour, il conviendra d’en découvrir les causes, de les analyser et d’envisager les remèdes appropriés. Bien entendu c’est à votre architecte, aidé s’il le faut par un ingénieur en stabilité, de préconiser le ou les bons remèdes. C’est le rôle de ces « hommes de l’art ».

Il y a lieu toutefois de ne pas confondre crevasses, fissures et fendilles. Dans le cas ci-dessus, le terme de crevasse est tout à fait approprié. 

Les fissures apparaissent, sans être toujours dangereuses, en divers endroits du bâtiment, notamment aux linteaux des baies. Elles sont le plus souvent dues au tassement du bâtiment. C’est votre architecte qui jugera de leur gravité et des mesures appropriées.

Quant aux fendilles, elles apparaissent le plus souvent à la rencontre de deux matériaux de composition différente, tels que maçonnerie de briques et cloisons de plâtre ou plaques Gyproc. Elles n’ont aucun caractère de gravité… mais sont parfois difficiles à masquer définitivement.